Un surpoids modéré pourrait favoriser la longévité
Si les niveaux élevés d’obésité sont bien associés à un risque accru de mortalité – quelle qu’en soit la cause -, un surpoids modéré semble en revanche corrélé à une diminution de la mortalité. Ce sont les résultats de l’analyse des données d’une centaine d’études – pour la plupart nord-américaines et européennes -, regroupant au total plus de 2,88 millions d’individus et prenant en compte plus de 270 000 décès.
Ce travail, mené par Katherine Flegal, des Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC) américains, et trois collègues nord-américains, a été publié, mercredi 2 janvier, dans le Journal of the American Medical Association. Il a été financé sur des fonds publics et aucun des auteurs n’a déclaré de conflit d’intérêts.
Le docteur Flegal et ses collègues ont analysé les études utilisant les définitions standardisées de poids en vigueur aux Etats-Unis, établies sur la base de l’indice de masse corporel (IMC). Celui-ci est défini comme le rapport du poids (en kilogrammes) divisé par la taille (en mètres) au carré.
L’IMC normal est situé entre 18,5 et 25. On parle de surpoids pour un IMC compris entre 25 et 30. L’obésité de grade 1 correspond à un IMC allant de 30 à moins de 35. A partir d’un IMC de 35 commencent les obésités de grade 2 et 3.
L’examen du risque relatif de décéder pour ces différentes catégories, quelle qu’en soit la cause, a mis en évidence une réduction de 6 %, statistiquement significative, pour les personnes en surpoids, par rapport à celles ayant un IMC normal.
L’obésité de grade 1 n’est pas associée à une mortalité accrue, contrairement à celles de grade 2 et 3. Ces tendances étaient toujours présentes lorsque les auteurs n’ont pris en compte que les études où le poids et la taille étaient réellement mesurés et non simplement déclarés par les participants.
Les conclusions de cette « méta-analyse » pourraient surprendre mais elles ne sont pas inédites. « Ces résultats sont globalement cohérents » avec deux précédentesanalyses groupées d’études utilisant ces catégories standardisées, effectuées en 2005 et 2007, précisent Katherine Flagel et ses coauteurs.
« Etre obèse n’est pas sain »
De même, des études expérimentales (sur des vers, des levures ou des souris) tendaient plutôt à montrer un accroissement de la longévité en cas de restriction de l’apport calorique. Mais elles ont été contredites par une étude sur des singes rhésus, parue en septembre 2012 dans Nature.
Aux Etats-Unis et au Canada, le taux d’obèses dans la population adulte est respectivement de 36 % et 24 %. L’absence d’un accroissement significatif de la mortalité pour la catégorie 1 d’obésité fait dire aux auteurs que « la principale contribution à l’excès de mortalité chez les obèses est due aux niveaux plus élevés d’IMC ». Les patients modérément obèses seraient pris en charge plus tôt par les médecins et bénéficieraient de réserves métaboliques supérieures à la normale face à certaines maladies.
« Il ne fait aucun doute que le fait d’être obèse n’est pas sain car cela accroît le risque de diabète adulte, de maladies cardiaques, de cancer et de nombreux autres problèmes de santé », prend toutefois soin de préciser le Dr Thomas Frieden, directeur des CDC, dans un communiqué.
L’éditorial accompagnant l’analyse pointe aussi le fait que l’IMC ne rend compte que d’environ deux tiers des variations d’adiposité globale entre individus. A poids égal, il n’y a pas de distinction entre le sexe, l’ethnie, l’âge et la masse musculaire des sujets. Il reste, poursuit l’éditorial, « un indicateur imparfait du risque métabolique ».
Source LeMonde