Moi, Mustapha Kessous, journaliste au « Monde » et victime du racisme

Posted on septembre 29th, 2009 in News by obi3fr
Brice Hortefeux a trop d’humour. Je le sais, il m’a fait une blague un jour. Jeudi 24 avril 2008. Le ministre de l’immigration et de l’identité nationale doit me recevoir dans son majestueux bureau. Un rendez-vous pour parler des grèves de sans-papiers dans des entreprises. Je ne l’avais jamais rencontré. Je patiente avec ma collègue Laetitia Van Eeckhout dans cet hôtel particulier de la République. Brice Hortefeux arrive, me tend la main, sourit et lâche : « Vous avez vos papiers ? »

Trois mois plus tard, lundi 7 juillet, jour de mes 29 ans. Je couvre le Tour de France. Je prépare un article sur ces gens qui peuplent le bord des routes. Sur le bitume mouillé près de Blain (Loire-Atlantique), je m’approche d’une famille surexcitée par le passage de la caravane, pour bavarder. « Je te parle pas, à toi », me jette un jeune homme, la vingtaine. A côté de moi, mon collègue Benoît Hopquin n’a aucun souci à discuter avec cette « France profonde ». Il m’avouera plus tard que, lorsque nous nous sommes accrédités, une employée de l’organisation l’a appelé pour savoir si j’étais bien son… chauffeur.

Je pensais que ma « qualité » de journaliste au Monde allait enfin me préserver de mes principaux « défauts » : être un Arabe, avoir la peau trop basanée, être un musulman. Je croyais que ma carte de presse allait me protéger des « crochets » balancés par des gens obsédés par les origines et les apparences. Mais quels que soient le sujet, l’endroit, la population, les préjugés sont poisseux.

J’en parle souvent à mes collègues : ils peinent à me croire lorsque je leur décris cet « apartheid mental », lorsque je leur détaille les petites humiliations éprouvées quand je suis en reportage, ou dans la vie ordinaire. A quoi bon me présenter comme journaliste au Monde, on ne me croit pas. Certains n’hésitent pas à appeler le siège pour signaler qu’« un Mustapha se fait passer pour un journaliste du Monde ! »

Ça fait bien longtemps que je ne prononce plus mon prénom lorsque je me présente au téléphone : c’est toujours « M. Kessous ». Depuis 2001, depuis que je suis journaliste, à la rédaction de Lyon Capitale puis à celle du Monde, « M. Kessous », ça passe mieux : on n’imagine pas que le reporter est « rebeu ». Le grand rabbin de Lyon, Richard Wertenschlag, m’avait avoué, en souriant : « Je croyais que vous étiez de notre communauté. »

J’ai dû amputer une partie de mon identité, j’ai dû effacer ce prénom arabe de mes conversations. Dire Mustapha, c’est prendre le risque de voir votre interlocuteur refuser de vous parler. Je me dis parfois que je suis parano, que je me trompe. Mais ça s’est si souvent produit…

A mon arrivée au journal, en juillet 2004, je pars pour l’île de la Barthelasse, près d’Avignon, couvrir un fait divers. Un gamin a été assassiné à la hachette par un Marocain. Je me retrouve devant la maison où s’est déroulé le drame, je frappe à la porte, et le cousin, la cinquantaine, qui a tenté de réanimer l’enfant en sang, me regarde froidement en me lançant : « J’aime pas les Arabes. » Finalement, il me reçoit chez lui.

On pensait que le meurtrier s’était enfui de l’hôpital psychiatrique de l’endroit : j’appelle la direction, j’ai en ligne la responsable : « Bonjour, je suis M. Kessous du journal Le Monde… » Elle me dit être contente de me recevoir. Une fois sur place, la secrétaire lui signale ma présence. Une femme avec des béquilles me passe devant, je lui ouvre la porte, elle me dévisage sans me dire bonjour ni merci. « Il est où le journaliste du Monde ? », lance-t-elle. Juste derrière vous, Madame : je me présente. J’ai alors cru que cette directrice allait s’évanouir. Toujours pas de bonjour. « Vous avez votre carte de presse ?, me demande-t-elle. Vous avez une carte d’identité ? » « La prochaine fois, Madame, demandez qu’on vous faxe l’état civil, on gagnera du temps », riposté-je. Je suis parti, évidemment énervé, forcément désarmé, avant de me faire arrêter plus loin par la police qui croyait avoir… trouvé le suspect.

Quand le journal me demande de couvrir la révolte des banlieues en 2005, un membre du club Averroès, censé promouvoir la diversité, accuse Le Monde d’embaucher des fixeurs, ces guides que les journalistes paient dans les zones de guerre. Je suis seulement l’alibi d’un titre « donneur de leçons ». L’Arabe de service, comme je l’ai si souvent entendu dire. Sur la Toile, des sites d’extrême droite pestent contre « l’immonde » quotidien de référence qui a recruté un « bougnoule  » pour parler des cités.

Et pourtant, s’ils savaient à quel point la banlieue m’était étrangère. J’ai grandi dans un vétuste appartement au coeur des beaux quartiers de Lyon. En 1977, débarquant d’Algérie, ma mère avait eu l’intuition qu’il fallait vivre au centre-ville et non pas à l’extérieur pour espérer s’en sortir : nous étions parmi les rares Maghrébins du quartier Ainay. Pour que la réussite soit de mon côté, j’ai demandé à être éduqué dans une école catholique : j’ai vécu l’enfer ! « Retourne dans ton pays », « T’es pas chez toi ici », étaient les phrases chéries de certains professeurs et élèves.

Le 21 décembre 2007, je termine une session de perfectionnement dans une école de journalisme. Lors de l’oral qui clôt cette formation, le jury, composé de professionnels, me pose de drôles de questions : « Etes-vous musulman ? Que pensez-vous de la nomination d’Harry Roselmack ? Si vous êtes au Monde, c’est parce qu’il leur fallait un Arabe ? »

A plusieurs reprises, arrivant pour suivre un procès pour le journal, je me suis vu demander : « Vous êtes le prévenu ? » par l’huissier ou le gendarme en faction devant la porte du tribunal.

Le quotidien du journaliste ressemble tant à celui du citoyen. Depuis plusieurs mois, je cherche un appartement. Ces jours derniers, je contacte un propriétaire et tombe sur une dame à la voix pétillante : « Je m’appelle Françoise et vous ? » « Je suis M. Kessous « , lui répondis-je en usant de mon esquive habituelle. « Et votre prénom ? », enchaîne-t-elle. Je crois qu’elle n’a pas dû faire attention à mon silence. Je n’ai pas osé le lui fournir. Je me suis dit que, si je le lui donnais, ça serait foutu, qu’elle me dirait que l’appartement avait déjà été pris. C’est arrivé si souvent. Je n’ai pas le choix. J’hésite, je bégaye : « Euhhhhh… Mus… Mustapha. »

Au départ, je me rendais seul dans les agences immobilières. Et pour moi – comme par hasard – il n’y avait pas grand-chose de disponible. Quand des propriétaires me donnent un rendez-vous pour visiter leur appartement, quelle surprise en voyant « M. Kessous » ! Certains m’ont à peine fait visiter les lieux, arguant qu’ils étaient soudainement pressés. J’ai demandé de l’aide à une amie, une grande et belle blonde. Claire se présente comme ma compagne depuis cet été et fait les visites avec moi : nous racontons que nous allons prendre l’appartement à deux. Visiblement, ça rassure.

En tout cas plus que ces vigiles qui se sentent obligés de me suivre dès que je pose un pied dans une boutique ou que ce vendeur d’une grande marque qui ne m’a pas ouvert la porte du magasin. A Marseille, avec deux amis (un Blanc et un Arabe) – producteurs du groupe de rap IAM -, un employé d’un restaurant a refusé de nous servir…

La nuit, l’exclusion est encore plus humiliante et enrageante, surtout quand ce sont des Noirs et des Arabes qui vous refoulent à l’entrée d’une boîte ou d’un bar. Il y a quatre mois, j’ai voulu amener ma soeur fêter ses 40 ans dans un lieu parisien « tendance ». Le videur nous a interdit l’entrée : « Je te connais pas ! » Il aurait pourtant pu se souvenir de ma tête : j’étais déjà venu plusieurs fois ces dernières semaines, mais avec Dida Diafat, un acteur – dont je faisais le portrait pour Le Monde – et son ami, le chanteur Pascal Obispo.

Fin 2003, je porte plainte contre une discothèque lyonnaise pour discrimination. Je me présente avec une amie, une « Française ». Le portier nous assène le rituel « Désolé, y a trop de monde. » Deux minutes plus tard, un groupe de quinze personnes – que des Blancs – entre. Je veux des explications. « Dégage ! », m’expédie le videur. La plainte sera classée sans suite. J’appellerai Xavier Richaud, le procureur de la République de Lyon, qui me racontera qu’il n’y avait pas assez d’« éléments suffisants ».

Que dire des taxis qui après minuit passent sans s’arrêter ? Que dire de la police ? Combien de fois m’a-t-elle contrôlé – y compris avec ma mère, qui a plus de 60 ans -, plaqué contre le capot de la voiture en plein centre-ville, fouillé jusque dans les chaussettes, ceinturé lors d’une vente aux enchères, menotté à une manifestation ? Je ne compte plus les fois où des agents ont exigé mes papiers, mais pas ceux de la fille qui m’accompagnait : elle était blonde.

En 2004, une nuit à Lyon avec une amie, deux policiers nous croisent : « T’as vu le cul qu’elle a ! », lance l’un d’eux. « C’est quoi votre problème ? » rétorqué-je. Un des agents sort sa matraque et me dit en la caressant : « Il veut quoi le garçon ? » Le lendemain, j’en ai parlé avec Yves Guillot, le préfet délégué à la police : il m’a demandé si j’avais noté la plaque de leur voiture. Non…

En 2007, la brigade anticriminalité, la BAC, m’arrête sur les quais du Rhône à Lyon : j’étais sur un Vélo’v. On me demande si j’ai le ticket, si je ne l’ai pas volé. L’autre jour, je me gare en scooter sur le trottoir devant Le Monde. Je vois débouler une voiture, phares allumés : des policiers, mains sur leurs armes, m’arrêtent. Je leur dis que je travaille là. Troublés, ils me demandent ma carte de presse, mais pas mon permis.

Des histoires comme celles-là, j’en aurais tant d’autres à raconter. On dit de moi que je suis d’origine étrangère, un beur, une racaille, un islamiste, un délinquant, un sauvageon, un « beurgeois », un enfant issu de l’immigration… Mais jamais un Français, Français tout court.

Mustapha Kessous
Article paru dans l’édition du 24.09.09
Source LeMonde

Structure du revenu et niveau de vie

Posted on septembre 10th, 2009 in News by obi3fr

Allez, au hasard de mon surf, je suis passée le site LaFinancePourTous et notamment sur cet article.
En voici un petit extrait intéressant :

La structure du revenu varie selon le niveau de vie. Les dernières données publiées par l’INSEE sur ce sujet datent de 2002. Mais les montants ont peu varié. Des statisticiens de l’INSEE ont réparti les individus selon leur niveau de vie en les classant par décile (c’est-à-dire des 10 % les plus pauvres aux 10 % les plus riches) et calculé la composition moyenne du revenu de chaque tranche. Voici ce qu’ils ont trouvé :

  • Les individus modestes : déciles 1 à 3 (30 % de la population). Ils ont un niveau de vie mensuel inférieur à 1 100 euros (en 2006), soit un revenu disponible du ménage inférieur à 1 500 euros pour un couple sans enfant. La part des revenus d’activité et de remplacement est plus faible que pour les autres catégories (environ la moitié du revenu disponible). Les individus de cette catégorie perçoivent une part importante de prestations sociales – 30 % de leur revenu disponible (entre 40 % pour le 1er décile et 15 % pour le 3e). Les prestations familiales représentent quant à elles entre 10 % et 20 %, et les minima sociaux en moyenne 6 %. Cette partie de la population bénéficie de la Prime pour l’emploi à hauteur de 1 % et ne paie pratiquement pas d’impôt sur le revenu.
  • La « classe moyenne » : déciles 4 à 7 (40 % de la population). Les personnes dans ce groupe ont un niveau de vie mensuel compris entre 1 100 et 1 700 euros soit un revenu disponible du ménage compris entre 1 700 et 2 400 euros pour un couple sans enfant. Les salaires représentent une part plus importante du revenu disponible que pour la catégorie précédente, près des trois quarts. Ils bénéficient très peu des allocations logement et des minima sociaux, entre 0,1 % et 2 % selon le décile considéré. Les impôts directs commencent à être significatifs représentant entre 4 % et 8 %.
  • Les individus aisés : déciles 8 et 9 (20 % de la population). Les individus de cette catégorie ont un niveau de vie mensuel compris entre 1 700 et 2 400 euros, soit un revenu du ménage compris entre 2 400 et 3 450 euros pour un couple sans enfant. C’est pour eux que la part des salaires dans le revenu disponible est la plus importante (plus de 80 %). La part des prestations sociales est d’un peu plus de 2 %, avec majoritairement des prestations familiales ; 10 % de leur revenu sont prélevés au titre des impôts directs.
  • Les hauts revenus : 10ème décile. Ils ont un niveau de vie mensuel supérieur à 2 400 euros, soit un revenu du ménage supérieur à 3 450 euros pour un couple sans enfant. Les revenus d’activité non-salariée de cette tranche sont plus importants que pour les précédentes, représentant près de 25 % du revenu disponible. Les revenus du capital sont également sur-représentés. La redistribution joue à plein au profit des plus modestes, les impôts payés représentant un quart de leur revenu, pour des prestations perçues valant à peine plus de 1 %.

« Les Français » des sondages me fatiguent …

Posted on juillet 8th, 2009 in News by obi3fr

En lisant Metro hier, j’ai appris que seuls 48% des Français envisagent de partir en vacances cette année et que parmi ceux-ci 85% resteront en France … bon c’est normal c’est la crise ok ok …

Le même jour dans Metro encore (c’est peut être Metro que je devrais arrêter de lire ;-) ), vlatipas que 57% des Français ne connaissent pas la crise et jugent leur situation économique « bonne » …

????? Alors ok on pourrait supposer que certains ne veulent pas partir en vacances … mais du coup pourquoi les 48% disent qu’ils ne partent pas pour « préserver leur pouvoir d’achat » …

Ce matin, sur Europe1, j’entends que 55% des Français sont contre le travail le dimanche … très bien … c’est réglé ! et bien non car, d’après un de 2007, 51% sont favorables à l’ouverture des magasins le dimanche et pire, si on se contente de l’avis des Franciliens, 59% sont favorables à l’ouverture le dimanche et même 71% iraient faire leurs courses le dimanche

J’ai une suggestion pour l’avenir … arrêtez de faire des sondages …


Home : le film de Yann Arthus-Bertrand

Posted on juin 9th, 2009 in Développement durable by obi3fr

Voir en HD sur YouTube
Nous vivons une période cruciale. Les scientifiques nous disent que nous avons 10 ans pour changer nos modes de vie, éviter d’épuiser les ressources naturelles et empêcher une évolution catastrophique du climat de la Terre.
Il faut que chacun participe à l’effort collectif et c’est pour sensibiliser le plus grand monde que j’ai conçu le film HOME.
Afin de diffuser ce film le plus largement possible, il fallait qu’il soit gratuit. Un mécène, le groupe PPR, a permis qui le soit. EuropaCorp, qui en assure la distribution, s’est engagé à ne faire aucun bénéfice car HOME n’a aucune ambition commerciale.
J’aimerais que ce film devienne aussi votre film. Partagez-le. Et agissez.

Yann Arthus-Bertrand http://www.home-2009.com


Salaire moyen, salaire médian des Français en 2007 …

Posted on mai 9th, 2009 in News by obi3fr

Voici les principaux chiffres sur les salaires dans les entreprises du secteur privé et semi-public en 2007, tirés d’une enquête publiée jeudi 7 mai par l’Insee, et mettant en avant une « forte progression » des salaires globalement, mais aussi d’importantes disparités entre salariés.

- Le moyen pour un poste à temps complet s’élevait à 2.661 euros bruts par mois en 2007, soit un peu plus de deux fois le Smic, et à 1.997 euros nets de tout prélèvement à la source.

- Le salaire net moyen a progressé de 3% entre 2006 et 2007 hors inflation, mais de 1,5% si l’on tient compte d’une hausse des prix à la consommation de 1,5%.

- Les cadres ont bénéficié, comme en 2005 et 2006, d’une augmentation du salaire net moyen plus forte (+2,3%, inflation comprise) que les professions intermédiaires (+1,1%), les ouvriers (+1%) et les employés (+0,7%).

- Les activités financières et, dans une moindre mesure, l’énergie et l’industrie des biens intermédiaires ont été les secteurs dans lesquels le salaire net moyen a augmenté le plus fortement.

- Le salaire médian pour un poste à temps complet a atteint 1.594 euros nets par mois en 2007, autrement dit la moitié des salariés ont gagné plus et la moitié ont touché moins.
Aux deux bouts de l’échelle, 10% des salariés ont perçu moins de 1.083 euros nets par mois, tandis que 10% ont disposé de plus de 3.163 euros.

- La hiérarchie des salaires est restée stable: les 10% de salariés en haut de l’échelle ont gagné 2,9 fois plus que les 10% du bas de l’échelle, comme les quatre années précédentes.
Mais les salaires ont le plus progressé parmi les 10% de salariés à temps complet gagnant le plus.

- Les augmentations de salaires ont été les plus élevées en moyenne pour les salariés n’ayant pas changé de poste durant les deux années 2006 et 2007.

- L’écart salarial moyen entre hommes et femmes est resté quasiment inchangé en 2007, puisqu’une salariée à temps complet a gagné en moyenne 18,8% de moins que son homologue masculin.

- Au dernier trimestre 2007, un quart des salariés à temps complet du privé, en majorité des ouvriers, ont effectué des heures supplémentaires relevant de la loi Tepa, soit un volume moyen de 30 heures, et ont ainsi bénéficié d’un allègement de cotisations sociales de 90 euros en moyenne.

Source Nouvelobs.com avec AFP


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