Freebox, la petite boîte devenue grande
C’est la société Free qui sort le premier le fameux « triple play ». Cette offre consiste à proposer dans un même abonnement le service téléphonique, l’accès à Internet et la télévision.
La télévision, le téléphone et l’Internet depuis un seul boîtier au prix de 30 euros. Le tout, de façon illimitée, avec un seul équipement : la Freebox. L’avantage ? Le prix et la simplicité. A tel point que tous les opérateurs ont « emboîté » le pas de Free en imitant le concept du « tout en un », jusqu’à copier le nom de l’offre. En 2002, lorsque l’opérateur Free présente sa Freebox, c’est pourtant presque l’indifférence. L’engin ne permet alors que l’accès à Internet en illimité pour 29,99 euros. Le prix le plus bas de tous les grands pays. Quant à la voix et à l’audiovisuel ? L’opérateur noie le poisson et rassure la concurrence : « Ni en 2003 ni en 2004. »
Depuis l’origine, la démarche de Xavier Niel, fondateur de Free, est d’abord un marketing efficace, dont il est le principal artisan, une bonne dose de technologie et… le bouche-à-oreille. En 1994, il a créé Worldnet, le premier fournisseur d’accès à Internet français, qui, en 1999, avec World Online et Freesurf, met l’accès au prix d’une communication téléphonique locale. L’homme, qui a commencé par faire fortune dans le Minitel rose, a une réputation sulfureuse. Mais Goldman Sachs ne s’y trompe pas et, en 2000, investit 15 millions d’euros dans Illiad, la société mère. Car la révolution ADSL - une technologie qui permet d’augmenter le débit de la paire torsadée de fils de cuivre - est en marche. La bonne nouvelle, c’est que le gendarme des télécoms veut absolument faire une place aux nouveaux opérateurs et entame un bras de fer avec France Télécom.
« Faisons-le nous-mêmes »
Mais, pour faire arriver l’Internet, la téléphonie et la télévision chez les abonnés, Xavier Niel a besoin d’un modem d’un nouveau genre. Il va aux Etats-Unis faire la tournée des équipementiers en compagnie de son numéro deux, Michaël Boukobza, et de Rani Hassaf, le directeur technique. Ils font chou blanc. La petite histoire dit que c’est en haut d’un Escalator que Xavier Niel aura la révélation : « On n’a trouvé personne pour le fabriquer : faisons-le nous-mêmes. » Quelques embauches plus tard, notamment d’ingénieurs issus de Thomson et Sagem, et après deux ans de développement, Free peut annoncer son offre illimitée. Restait à trouver un nom de baptême. Là encore, la petite histoire dit qu’un collaborateur d’Illiad rentrait d’Amérique du Sud avec un paquet de cigarettes portant le sigle « Freebox ». Va pour la Freebox ! Puis le dégroupage commence. Les opérateurs alternatifs peuvent placer leurs appareils de télécoms dans les centraux de proximité de France Télécom. Du coup, dans les zones dégroupées, Free ajoute plus rapidement que prévu la voix illimitée et l’accès aux chaînes de télévision, ouvrant la voie au « triple play ». « C’était prévu dès l’origine des développements », explique-t-on chez Illiad. Rapidement, la « box » s’est ensuite musclée : fonction Wi-Fi, communications gratuites avec l’étranger, disque dur enregistreur, haute définition. Dernière innovation : la TV Perso. Les abonnés filment leurs activités à destination de tous les freenautes ou de communautés. Plus d’images pour un coût nul ou presque. Quant à l’avenir ? Le « quadruple play », assure Xavier Niel, qui veut désormais ajouter l’accès aux téléphones mobiles. Encore faut-il que Free obtienne la quatrième licence à laquelle il est candidat. D’ores et déjà, Bouygues l’a devancé en lançant cette offre avec la Bbox.